Menu des pages
TwitterFacebook
Menu des Catégories

Publié de sur Sep 1, 2015 dans Campagne |

Pour un pôle universitaire régional de santé

Dès la rentrée 2015, certaines formations sanitaires et sociales verront leurs enseignements s’effectuer sur le site de la cartoucherie. A terme ce seront dix filières et quelques 2100 étudiants qui seront réunis dans une « École Régionale de Santé ». Si ce projet présente quelques opportunités à saisir, il porte surtout d’importantes lacunes : les droits des étudiants sont mis au second plan quand le modèle d’école mis en avant. Cette contribution a pour objet de faire ressortir des propositions concrètes et pragmatiques en faveur d’un Pôle Universitaire pour tous les étudiants en santé.

Vers l’intégration universitaire de l’ensemble des formations

Créer à Toulouse le premier Pôle Universitaire de Santé serait sans précédent et constituerait une avancée conséquente pour les étudiants des filières sanitaires et sociales. L’AGEMP milite pour l’intégration universitaire de toutes les formations et ainsi assurer une égalité en terme de formation, de moyens, de services, de représentation, de bourse, de mobilité, de droits de tous les étudiants. Cette volonté d’intégrer l’ensemble des formations à l’Université ne peut se faire si la logique d’école actuelle est maintenue. L’élève reçoit le savoir, l’étudiant le construit et se l’approprie. Le projet d’Ecole Régionale de Santé doit être abandonné au profit de la mise en place d’un réel “Pôle Universitaire de Santé”. Outre l’aspect sémantique, le changement de nom témoigne d’une volonté politique d’aller vers une intégration pleine et entière des formations, intégration voulue par les étudiants.

Le principal acteur du projet doit être l’Université

L’absence totale de communication et l’exclusion des représentants universitaires (étudiants comme enseignants) des discussions n’ont fait que renforcer le flou qui entoure ce projet. En juillet 2013, la loi Fioraso introduisait la co-tutelle des filières sanitaires et sociales par les Ministères de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et celui des Affaires Sociales et de la Santé. En marquant la volonté de rapprocher l’ensemble des formations de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le gouvernement ouvrait la voie du modèle universitaire aux instituts de formation notamment. Dans la gestion pratique de ce projet, l’Université est cependant grande absente des discussions. elle présente pourtant des avantages conséquents pour les étudiants : accès à la recherche, égalité des droits, mobilité… De plus, l’Université reste aujourd’hui la seule entité à même de favoriser l’interdisciplinarité des formations de santé. Pour cela, l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier doit devenir l’acteur principal de ce projet. C’est par l’implication de l’ensemble de la communauté universitaire qu’un réel Pôle Universitaire de Santé pourra voir le jour, dans l’intérêt des étudiants. Il est nécessaire de faire en sorte que l’Université et ses représentants (étudiants comme enseignants) réintègrent les discussions autour de ce projet. Ainsi, le Pôle Universitaire doit être rattaché à l’Université. L’ensemble de la communauté Universitaire devra y être représenté au coté de la Région et des instituts de formation par l’élaboration d’une convention tripartite. Pour autant, ce statut particulier ne peut s’étendre sur la durée. Il sera nécessaire d’entamer les discussions avec la Région Midi-Pyrénées mais également avec les Ministères de tutelle pour atteindre une intégration pure et simple de l’ensemble des formations à l’Université.

Favoriser l’interdisciplinarité de l’ensemble des formations de santé

Les formations de santé ne sont pas toutes au même niveau en ce qui concerne leur intégration Universitaire et cela se traduit notamment par le type de diplome qu’elles délivrent. Certaines sont organisées selon le système Licence-Master-Doctorat (LMD) tandis que d’autres formations donnent accès à des diplomes d’Etats équivalents à des grades de diplome universitaire. Cette situation crée une rupture d’égalité entre les étudiants qui aspirent à avoir le même accès à la recherche, à la mobilité… Les réformes sont nombreuses pour préparer la mise en place du parcours universitaire en santé. Une fois encore, le nouveau Pôle Universitaire de Santé constitue une réelle opportunité de développer l’interdisciplinarité entre les filières de santé, et de renforcer la coopération au sein du système de soin avec une approche multi et interprofessionnelle de la prise en charge des patients. Cette volonté ne pourra être suffisante si le Pôle Universitaire de Santé ne rassemble pas à terme l’ensemble des formations de santé.

L’intégration universitaire commence par une logique de campus

Les 2100 nouveaux étudiants du Pole Universitaire de Santé à la rentrée 2015 devront disposer des moyens nécessaires à leur réussite et à une vie étudiante épanouie. Le droit d’association reste un droit auquel doivent pouvoir accèder les étudiants. C’est pourquoi les moyens pour favoriser une vie associative sur le campus mais également de tenir des permanences d’information sont nécessaires. Ce n’est pas le cas dans le projet actuel qui prévoit trop peu place pour les locaux des associations, ce qui entrainera forcément une perte de la richesse associative sur le campus. L’espace reservé aux associations, foyers et salles de repos doit être plus important pour mettre chaque étudiant d’être en capacité de s’informer ou de s’engager. Chaque étudiant doit avoir accès à une restauration à tarification sociale. Le projet ne prévoit pas de site restauration universitaire. La conséquence directe d’un manque de moyens alloués à la restauration sociale est l’investissement dans le privé, avec l’effet sur la santé et le coût élevé associé. Une solution doit être trouvée avant la rentrée prochaine pour garantir à chaque étudiant l’accès à un repas chaud à tarification sociale géré par le CROUS pour assurer un soutien politique au service public.
Les problématiques de transport doivent également être anticipées. A l’heure actuelle, les services de transport de la ville ne permettent pas l’accès de tous les étudiants à leur nouveau lieu de formation. Laisser les étudiants à eux même, favorisant ainsi les déplacements en voiture n’est pas acceptable, tant du point de vue écologique que pour le portefeuilles des étudiants. Les étudiants demandent que des solutions concrètes en termes de transports en communs soient annoncées. Des mesures alternatives immédiates doivent être mise en place comme des garages pour vélos et des pistes cyclables.
Enfin, les étudiants doivent avoir accès à un centre de documentation sur site, tant pour permettre à tous de réaliser le travail bibliographique indispensable à toute formation que pour donner à chaque étudiant un espace de travail nécessaire à sa réussite.

Conclusion

Si les revendications portées par l’AGEMP et son réseau peuvent paraître ambitieuses, elles concernent les droits fondamentaux auxquels chaque étudiant doit pouvoir aspirer et c’est bien là ce qui justifie le malaise actuel des étudiants concernés par ce projet, dont les droits sont en danger. Restauration, droit d’association, transport… ce sont les outils de réussite qui ont été oublié dans ce projet, faute de dialogue avec les premier usagers de ces instituts de formation : les étudiants. Ce qu’ils veulent aujourd’hui, c’est le courage politique de privilégier leurs droits, de favoriser leur réussite, de leur permettre d’être acteur de leur formation et de leur profession, de soutenir le service public. Ce nouveau Pôle Universitaire de Santé constitue une formidable opportunité pour les étudiants en santé qui pourrait nous échapper et ainsi manquer de correspondre aux besoins du système de santé de demain.